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J'ai quitté la France et je vis en Europe

Préférant rester anonyme, notre lectrice a quand même tenu à témoigner, et à prodiguer de précieux conseils aux personnes qui souhaitent mener le projet d'une expatriation.


J'ai 39, je suis employée dans le privé (dans le domaine de la relations clients), et je suis mariée. Je suis née en France, j’y ai grandi, et j'y ai effectué ma scolarité ainsi que mes études. Mes parents sont arrivés en France (en province) dans les années 80 , lorsque la France avait besoin de main-d'œuvre maghrébine. Nous avons été naturalisés français très rapidement d’ailleurs. UN DÉPART BIEN ANTICIPÉ J’avais déjà quitté le nid à 18 ans pour faire mes études dans une ville étudiante, puis ensuite je suis partie à Paris. Mes parents étaient habitués à voir leurs enfants partir loin pour étudier. J’ai toujours aimé les voyages et j'ai voulu tester autre chose. Les changements de villes en France n’étaient qu’une étape vers une évidence. J’ai quitté la France à 25 ans et seule, sans appréhension, sauf bien sûr le stress d’arriver dans un lieu nouveau, de tout recommencer socialement, mais j'ai ressenti beaucoup de fierté d’y être parvenue. En même temps, j’ai tout préparé, mes cours d’anglais à côté du travail, mes entretiens à l’étranger, je ne suis pas partie sans rien. J’ai d'abord cherché un travail avant de m’expatrier, et non l’inverse. Ce que beaucoup ne font pas, et malheureusement pour certains, ils y laissent des plumes. Seuls mes parents et quelques membres de ma famille vivent en France. Je les visite souvent et inversement, mais en dehors de ces visites, je ne m'intéresse pas vraiment à retourner en France pour du tourisme. En revanche, je montre plus d’intérêt, je réagis, je partage tout ce qui ne va pas en France, mais je ne vois que peu (1 ou 2 amis) qui s’intéressent et qui réagissent à ce qui se passe. Ils n’ont pas l’air très concernés, ce qui conforte mon sentiment posé il y a 15 ans.

LE DÉCLIC Quand j’ai terminé mes études et mes stages, j’ai fait face à des discriminations à l’emploi pour les postes élevés en grandes entreprises. Pour les emplois simples dans certains domaines, mon profil ethnique n’était pas un frein mais dans le domaine dans lequel j’avais étudié, mon CV ne passait pas. J’ai fait ce constat en changeant de nom et là bien entendu, mon profil intéressait. Aussi, j’avais beaucoup de mal à trouver ma place comme française ou musulmane en France. La communauté, si on peut appeler ça comme ça, ne m’a montré que très peu de fraternité et de tolérance. On n’est jamais assez bien pour les autres et on est jugés constamment, avec en prime une haram police qui se nourrit d’informations douteuses d’internet. Comment vouloir que des français soutiennent une cause si déjà la communauté s’en fiche? Parce qu’ils sont bien là pour juger untel ou untel sur sa façon de prier ou de jeûner, mais soutenir la cause, c’est le néant. Je parle de cela, qui remonte à déjà 15 ans !

En revanche, j’ai vécu dans un pays arabo-musulman et c’était incroyable. En tant que femme, je me sentais en sécurité et respectée, et j’avais des avantages. J’ai découvert des gens et des amis de différentes cultures et une communauté musulmane avec un don du partage, sans rien attendre en retour. Pas de jugements mais de la motivation de l’encouragement et du partage. Les mois de Ramadan étaient magnifiques et les mosquées facilement accessibles pour les femmes, et également pour apporter des repas.


Maintenant que je vis en Europe, ce côté là me manque mais la qualité de vie, celle des enfants et la prévoyance sont bien meilleures. Certes, la vie est un peu plus chère qu’en France, mais la qualité est incomparable (santé, éducation, emploi etc).

DÉMARCHES Administrativement, pour ma première expérience, tout a été pris en charge par l’employeur. D'où mon conseil précédent de d'abord trouver un emploi et de ne pas venir en touriste. Pour mon deuxième pays, cela également été très simple et à nouveau pris en charge par l’employeur. La difficulté a été de trouver un logement. Dans les deux cas, je me suis inscrite au registre des français à l’étranger par le Consulat, de toute façon obligatoire pour toute démarches administratives mais certains ne le font pas, puis quand ils ont des problèmes… Evitez de jouer avec le feu, il n’y a rien à y gagner. Il faut savoir que mon entourage, que ce soit la famille ou bien les amis, m’ont beaucoup soutenue et me rendent visite très régulièrement. Certains auraient aimé réaliser ce projet et d’autres ont été inspirés pour faire de même. Je n’ai aucun regret et j’encourage tout le monde à le faire, mais évidemment, pas à l’aveuglette. Trouver un travail avant de tout quitter, c’est ce qu’il y a de mieux. Mais avant cela, il faut visiter le pays, se renseigner comme il se doit et préparer son projet. Y aller en touriste et espérer que ça marche risque de vous laisser sans argent. Il ne faut pas avoir fait des grandes études pour s’expatrier, il y a plein de possibilités. Il ne faut surtout pas se décourager. Je recommande également de parler anglais. C'est très important et même indispensable dans les pays anglophones (pays arabes y compris).


VERS UN RETOUR EN FRANCE ? Never Ever! Je ne vivrai plus en France, ce n’est ni un pays dans lequel je me sens bien, ni dans lequel j’ai envie de travailler. Je suis en décalage total avec la façon de travailler ou de vivre, et pourtant je ne roule pas sur l’or, je suis une simple employée. Le Royaume-Uni est, je trouve, une super destination pour les musulmans, ils y sont très bien intégrés, il ya même une fête pour l’EID organisée annuellement par la ville de Londres. C’est un lieu idéal pour commencer son expérience à l’international, quand on a peu d’expérience. Comme je l’ai dit, la façon de travailler ailleurs est bien différente, donc si vous n’avez pas peur de bosser, vous allez y arriver. Et pour certains, s’éloigner de sa famille peut être difficile ou un frein pour partir, sachez que partir ne veut pas dire que vous ne pouvez pas revenir si cela ne vous plaît pas. Je pense que si toute la communauté musulmane s’expatriait comme une sorte de grève, la France serait bien embêté économiquement, et les choses changeraient. Mais bon, on peut rêver…

AVANTAGES ET INCONVENIENTS DE L'EXPATRIATION Liberté, égalité et fraternité sont mes bénéfices de vivre hors de France… Ça fait catchy mais c’est tellement vrai ! Je ressens la liberté d’être qui on veut, de croire, d'avoir une égalité de traitement peu importe l’origine, ainsi que l’entraide et le partage, ou encore le respect des différences. De plus, religieusement parlant, j’ai pu mieux apprendre et améliorer mes pratiques sans être dévisagée par certains (non-musulmans, fachos etc) ou critiquée par d’autres de la haram police ( j’ai lu tellement d’absurdités qui n’existent qu’en France !)


Pour les inconvénients : dans le pays arabo-musulman où je suis restée, il n'y avait pas d’avenir pour un employé immigré, il faut juste épargner et partir à sa retraite. Et pour le pays européen dans lequel je vis actuellement : le coût de la vie. Merci infiniment à notre lectrice pour sa contribution.

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