Sage-femme : un métier des religions
Torah, tradition chrétienne ou bien encore sunna dans l'islam, le métier de sage-femme est très présent. Zoom sur un métier particulièrement en lien avec la féminité.
Si l’on se penche sur les textes religieux, du corpus officiel ou des apocryphes, le métier de sage-femme est très présent.
Cette profession apparait quatre fois dans la Torah (Genèse 35,17 ; Genèse 38,28 ; Exode 1,15 ; Exode 1,21). Le mot hébreu « meyallèdèth », participe lié au verbe « yâlad », signifiant : enfanter, équivaut à : celle qui fait accoucher.
Dans Exode 1.6, le Pharaon dit aux sages-femmes : « Quand vous verrez les femmes des Hébreux en travail », et, plus exactement, « sur les sièges » (les sièges d’accouchement), ou bien « sur les deux pierres » (abnâyîm pour obnâyîm), et voir là une mention d’un siège rudimentaire fait de deux pierres ou deux briques légèrement espacées, sur lesquelles s’asseyaient les femmes égyptiennes en couches.
Plus loin, on lit :
Il y avait chez les Hébreux deux sages-femmes, dont l’une s’appelait Chifra et l’autre Poua. Le roi d’Égypte leur donna cet ordre : « Quand vous aiderez les femmes des Hébreux à accoucher, regardez bien l’enfant qui naît : si c’est un garçon, tuez-le, si c’est une fille, laissez-la vivre. » Mais les sages-femmes respectaient Dieu ; elles n’obéirent pas au roi d’Égypte et laissèrent vivre les garçons. Alors le roi les convoqua et leur dit : « Pourquoi agissez-vous ainsi ? Pourquoi laissez-vous vivre les garçons ? » – « C’est que, répondirent-elles, les femmes des Hébreux ne sont pas comme les Égyptiennes. Elles sont vigoureuses et mettent leurs enfants au monde avant l’arrivée de la sage-femme. » Ainsi les Israélites devinrent de plus en plus nombreux et très forts. Et Dieu accorda ses bienfaits aux sages-femmes en leur donnant des descendants, parce qu’elles lui avaient obéi. Alors le Pharaon ordonna à tout son peuple : « Jetez dans le Nil tout garçon hébreu nouveau-né ! Ne laissez en vie que les filles ! » Exode 1, 15-22
Dans le christianisme, l'Évangile de l'enfance de Jacques, également connu sous le nom de Protoévangile de Jacques, a été écrit au 2e siècle et raconte la conception miraculeuse et tous les événements qui l'ont entourée. Selon l'Évangile apocryphe, Joseph part à la recherche d'une sage-femme et découvre à son retour que l'enfant Jésus est déjà né miraculeusement. Le texte ne mentionne aucun nom. Cette sage-femme anonyme, émerveillée par le miracle, va en parler à son amie, qui est également sage-femme. Le chapitre 19, 3 se lit comme suit: « La sage-femme sortit de la caverne et Salomé vint à sa rencontre. Elle lui dit: Salomé, Salomé, j'ai un nouveau spectacle à t'annoncer. Une vierge a enfanté ce que sa nature ne permet pas. Salomé répondit: Le Seigneur mon Dieu est vivant ! Si je ne fais pas l'épreuve de sa nature, je ne croirai pas qu'une vierge ait enfanté. » Salomé n'était pas convaincue de la conception miraculeuse, elle a donc passé la main sous la robe de Marie pour vérifier, et ses mains se sont brûlées. Salomé a alors prié Dieu de lui pardonner son manque de foi.
TEMOIGNAGE DE CARMEN
« En tant que sage-femme dans le sud d’Auckland, beaucoup de femmes dont je m’occupe sont de très jeunes mamans. J’entre dans beaucoup de maisons dans lesquelles vous entrez, et il y a des choses cassées partout. Il n’y a pas de jouets, il n’y a pas de lits, il n’y a pas de tables à langer, il n’y a pas de petits tiroirs aménagés avec des vêtements ; C’est juste un salon, avec un lit. Mon cœur se brisait et j’ai immédiatement entendu Dieu dire : « Regarde, c’est quelque chose que tu peux faire, alors pourquoi ne le fais-tu pas ». Je suppose qu’en tant que sage-femme, quand je peux donner des choses à des gens qu’ils ne peuvent souvent pas avoir, cela illumine vraiment toute leur vie. J’adore ce que je fais. Je peux être entourée de bébés, je peux être entourée de femmes qui traversent la période la plus spéciale de toute leur vie. Je pense qu’au fond de moi, tout le monde cherche juste l’amour à certains égards, que ce soit d’un homme, de membres de la famille ou d’enfants. Je pense donc qu’en tant que sage-femme, je sens que je peux donner cela d’une manière qu’elles n’ont peut-être jamais connue auparavant. En tant que sage-femme, je peux montrer que je me soucie vraiment de ces femmes. Un verset de la Bible dans Romains 12 parle de donner sa vie ordinaire à Dieu. Vaquer à ses occupations quotidiennes, manger, boire, aller au travail, s’allonger dans son lit, dormir la nuit. Et comment vous pouvez donner votre vie à Dieu ? Laissez-Le simplement en prendre le contrôle et L’utiliser à sa guise. Je suis la première personne qui impose souvent les mains sur ces bébés, c’est donc un réel privilège pour moi de pouvoir simplement dire une petite prière pour eux. Et j’espère que plus tard dans leur vie, un jour, ils puissent aussi trouver la foi en Lui ».
Carmen, LifeTv with Paul de Jong
UMM AYMAN
Umm Ayman est une femme qui a fait partie de la vie du Prophète Muhammad depuis le moment où il est né jusqu’au moment où il est mort. Cette femme est née environ 13 ans avant le Prophète, et elle était originaire d’Abyssinie. Elle était en fait une esclave d’Abyssinie, achetée à l’époque au marché aux esclaves de Suq al Uqad par le père du Prophète Abdullah ibn Abdul Muttalib. Dans la maison du Prophète, vous aviez Abdullah Amina bint Wahab et cette fille Baraka, Baraka bint Tha’laba.
Peu de temps après le mariage d’Abdullah et d’Amina, Abdullah est parti pour Asham et ne savait pas qu’Amina était enceinte. Amina a fait un rêve et dans ce rêve, elle a vu une lumière sortir de son estomac illuminer les collines et les vallées de La Mecque jusqu’à Asham, la grande Syrie. Elle en parla immédiatement à Baraka. Alors qu’elle attendait patiemment le retour d’Abdullah, Amina appris avec tristesse qu’il était décédé durant le voyage. Ce fut donc Baraka qui resta a consoler la mère du Prophète à travers cette difficulté, et qui resta avec elle tout au long de sa grossesse. Quand le jour de l’accouchement arriva, il n’y avait qu’Amina, et Baraka. Ainsi, la première femme à tenir le Prophète dans ses mains fut Baraka. Elle a nettoyé le prophète salallahu alayhi wasalam. Elle a remis le Prophète à sa mère Amina bint Wahab.
Elle est l’une des trois femmes qui allaiteraient le Prophète (la mère du Prophète Amina bint Wahab, Baraka, et Halima al-Sa’diyya qui allaitait le Prophète lorsqu’il était confié dans le désert).
Alors qu’Amina décéda, le Prophète qui n’avait jamais connu son père est devenu orphelin. C’est Baraka qui le consola et le réconforta. De même lorsqu’il perdit son grand-père Abdul Muttalib alors qu’il avait 9 ans.
Lorsqu’il épousa Khadija, il présente Baraka en disant : elle est ma mère après ma mère.
هي أمي بعد أمي et il lui rendit sa liberté. Khadija a d’ailleurs insisté pour payer toutes les dépenses liées au mariage de Baraka, et lui présenta quelqu’un de bien et de confiance : Ubaid ibn Zayd. Ensemble, ils eurent un fils : Ayman.
Mais hélas, Ubaid mourrut. Alors Baraka se dirigea vers la maison du Prophète au moment où Khadija accueillit le Prophète venant d’avoir la première révélation coranique. C’est ainsi qu’après Khadija, Baraka fut la deuxième femme à croire en la sincérité du Prophète.
Le Prophète lui présenta Zayd Ibn al Harithah, de 20 ans son cadet, qui voulait absolument l’épouser tant le Prophète avait fait des éloges sur Baraka.
Malgré qu’elle ait atteint l’âge de la ménopause, Baraka et Zayd eurent un fils : Usama ibn Zayd que le Prophete aimait comme son propre enfant. A tel point qu’il lui fit l’honneur de le nommer commandant d'une armée qui devait envahir la région de Balqa dans l'Empire byzantin. Cette campagne a été couronnée de succès et son armée a été la première force musulmane à réussir à envahir et à attaquer le territoire byzantin, ouvrant ainsi la voie à la conquête musulmane de la Syrie.
Baraka continua d’accompagner le Prophète, en s’occupant des blessés. Il est même parfois mentionné qu’elle a défendu militairement le Prophète en prenant l’épée à ses côtés.
Il y a une narration amusante d’Anas, mentionnée dans le Sahih Muslim, Le Prophète est allé chez elle et alors qu’il était assis chez elle, Ayman a sorti le pain, a sorti toute la nourriture. Et le Prophète ne disait pas s’il jeûnait ou s’il ne voulait simplement pas manger. Alors elle mettait la nourriture juste devant lui et disait, « kul/mange » tout comme une mère le ferait.
Au moment de la mort du Prophète, elle a cessé de parler, de rire, et s’est retirée de la société. Elle a survécu au califat de Abu Bakr, et est décédée peu après l’assassinat d’Umar. Elle est enterrée au cimetière d’Al Baqi’.
Cette femme, considérée par son petit bien aimé comme sa mère, a été la première à le porter, et toute sa vie a été portée par le fait qu’elle-même soit la première à le porter[1].
« Dieu, dans sa miséricorde, n’a pas laissé les femmes sans aide. Ève a en effet souffert d'une malédiction liée à la Chute, « C’est dans la douleur que tu enfanteras des enfants » (Genèse 3,16). Mais au fur et à mesure que l’histoire du salut de l'humanité se déroulait, Dieu a fourni aux femmes israélites la « sage-femme hébraïque ». Le mot hébreu pour cette compagne de naissance est « Yalad », un mot qui signifie « travailler, assister ou assister en tant que sage-femme, aider à enfanter, au travail, à la naissance ». Dieu a équipé un groupe de femmes pour lui apporter son réconfort pendant la grossesse et l’accouchement. Aujourd'hui encore, les femmes sont aidées par ce savoir-faire.» Maureen Dahl, présidente du Minnesota Council of Certified Professional Midwives (MCCPM)
[1] Récit traduit de Omar Sulayman, Umm Ayman, the woman who never stopped carring, tiré de Baladhuri, Ansab al Ashraf vol.1, p.96